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> Les aventures de Hans Drakenberg, Récit de patrouilles et de la vie ordinaire d'un U-Boot
Fanch_53
posté jeudi 03 août 2017 à 21:09
Message #1


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Whilhelmshaven, 28 Mai 1940, 12h30.
Unterseeboot type IX-b, U105.


Le temps est clair en cette journée du 28 mai 1940. Cela faisait une semaine que Hans Drakenberg, solide montagnard au caractère bourru, préparait son navire : un Unterseeboot de type IX-b, taillé pour la course océanique. Perché en haut du kiosque comme sur un trône, il s'apprêtait à appareiller, l'esprit vagabondant sur sa carrière prometteuse.

La guerre se poursuivait et le Reich avançait ses pions. Déjà la France était submergée par la nouvelle stratégie du Führer, la blitzkrieg, et Paris devrait bientôt tomber. Les nouvelles arrivaient de façon sporadique, mais de toute manière Hans évitait soigneusement de se mêler de politique, comme ses camarades commandant les autres sous-marins de la flottille.

Depuis son enfance, dans les montagnes, il avait été un chasseur hors pair. Adolescent il n'avait pas son pareil pour patiemment traquer sa proie, et saisir le moment propice pour la frapper. Lorsqu'il a entendu parler de la Kriegsmarine pour la première fois, ce fut pour apprendre le sabordage de Scapa Flow. Le choix de l'honneur plutôt que la reddition, ça lui avait parlé. Il a rapidement gravi les échelons, et au début de la guerre il a rejoint la deuxième flottille, sur un uboot type VII-b. C'est aujourd'hui sa seule famille, ses parents étant morts il y a quelques années. Il s'était investi pour faire de son équipage un seul corps, une seule arme, toute entière dévouée à l'efficacité, et avait vite été validé par l'Académie.

Depuis le début du mois précédent, il avait été distingué : un uboot type IX-b flambant neuf lui fut confié, avec le numéro de coque U-105. Il s'était tout de suite senti à l'aise dans ce sous marin, un peu plus spacieux mais aussi plus racé. Son équipage l'avait suivi dans le déménagement, et ce fut la fête avant d'entamer la mise en condition opérationnelle, validée il a trois semaines.

Aujourd'hui la mission ne semblait guère envoûtante : une patrouille en mer du Nord, au large de la Norvège, loin du parcours habituel des grands convois. Il partirait ensuite en chasse libre...

Les convois... Hans se remémoraient les longues heures passées adolescent à traquer en compagnie de son père les hardes de cerfs, serrés les uns contre les autres pour affronter l'hiver. Ils remontaient leur traces, contre le vent malgré le froid piquant et les gerçures des lèvres. Son père lui avait tout appris de cet art délicat, qui devenait l'hiver une nécessité. Attaquer un convoi était un peu pareil : repérer le groupe, déterminer sa route, et se fondre dans un endroit propice pour mieux le frapper. La patrouille précédente avait été fructueuse : un gros tanker britannique s'était présenté juste après que Hans ai déchiqueté le destroyer de tête, seule escorte d'un gros convoi mixte composé de bâtiments britanniques et américains. Les deux navires avaient explosé, déchirant l'air de leurs cris lugubres alors que leur coque se brisait en s'enfonçant dans l'abîme. Leur agonie avait été rapide mais avait alerté le reste du convoi, qui n'avait pas pu manquer les deux énormes boules de feu illuminant la brume. Hans avait attendu son heure, se fondant dans la masse. Trois cargos avaient suivi, tous à la torpille. Hans avait été chanceux : des navires américains se trouvaient dans le convoi, et Hans avait préféré ne pas les attaquer, puisque les USA étaient officiellement neutres. Il était de notoriété publique que les américains rencardaient les brits, mais une attaque délibérée aurait pu avoir des conséquences non désirées. Coup du sort, l'un des amerloques, bien trop près pour être engagé, avait heurté une épave : Il avait semblé hoqueter alors que sa coque se tordait de façon sinistre, avant de s'ouvrir en deux comme un boîte de conserve et de sombrer. Les passagers avaient longtemps crié leur agonie, ce qui était peut-être la chose la plus difficile à supporter...

Aujourd'hui, le soleil était radieux. Quelques nuages d'altitude, mais un temps qui promettait d'être calme sur une bonne partie du trajet : à cet égard la mer du Nord est plutôt magnanime, cette époque de l'année étant un peu privilégié. Le problème serait tout autre au large des îles britanniques.

La passerelle était le perchoir préféré de Adolf Carlewitz. Cet officier était le maître de kiosque, dirigeant de sa voix forte la veille et la défense en surface. Il avait d'excellents yeux, perçants et précis. Son estimation des distances tombait rarement loin du résultat de la télémétrie, ce qui lui avait assuré une certaine renommée au sein de la flottille. Il partageait son nid avec son adjoint, Albrecht Wittemberg, un jeune sous-officier prometteur. Aujourd'hui tout le monde était un peu tassé dans le kiosque, profitant de l'air marin, qui emportait jusqu'à eux le parfum des femmes massées sur le quai. Hans se tenait à l'avant du kiosque, près du répétiteur d'ordres qui enverrait au central ses instructions pour sortir du port. Par défi, et peut-être aussi par fierté, il avait toujours refusé la prise de remorques pour le départ : question de prestige !

Otto Tötenhagen était son officier navigation depuis le début. Rencontré à l'école navale, il avait vite fait montre d'une maîtrise exceptionnelle de la planification de la route, même dans un milieu difficile. Il avait demandé ce jeune officier prometteur, dont il ne doutait pas qu'il obtienne d'ici quelques années un commandement. Il n'était pas encore prêt, mais apprenait vite et retenait bien. Il serait, lorsque sonnerait l'heure,un bon pacha. Au sein du central opération, penché sur sa check-list, se tenait Fritz Friedririch. Lui même fils de militaire, il avait en quelque sorte suivi les traces de son père, artilleur durant la première guerre blessé au front. Il était calme et méthodique, et avait au début de l'année semblé suivre un destroyer des yeux, alors que ce dernier passait juste au dessus de la coque, tentant d'éperonner le sous-marin. Comme s'il se préparait à bondir... Sa solution de tir avait été parfaite, arrachant la poupe. Les nouvelles torpilles de type II était beaucoup plus discrètes, ne laissant plus cette satanée traînée de bulles caractéristique des vieilles type I. Fritz les appréciait, même si elles étaient moins rapide. Il avait également en charge la défense antiaérienne du navire, en coopération avec l'officier passerelle. Il avait naturellement pris en compte l'entretien de l'armement, formant lui-même les marins à une rigoureuse inspection de leurs armes. Dernier officier du central, Johannes Kaeding, le « chef ». Un homme à part, qui se prenaient parfois a engueuler ou féliciter le matériel, mais surtout avait des doigts d'or pour entretenir et faire s'exprimer le puissant diesel. Tel un sorcier, il gardait toujours de quoi s'extraire d'un mauvais pas, certainement parce qu'il tenait d'une main de fer la partie propulsion du navire. Dans le civil, il avait été mécanicien poids-lourds. Il savait monter et démonter un moteur les yeux bandés, et visualisait directement ce qui lui était transmis du local machine, domaine réservé des frères Massmann. Ces jumeaux n'étaient que sous-officier, mais suivaient les traces de leur chef. Ils s'étaient engagés ensemble, avaient choisi la même spécialité. Leur osmose était un grand avantage pour le bord, car s'ils parlaient peu, c'était surtout parce qu'ils travaillaient comme un seul esprit, sans avoir besoin de se parler. Et dans un local bruyant, c'est assez pratique... Leur cousin les avait rejoint, gérant la partie électrique. Il inspectait chaque jour les batteries, vérifiant leur état et leur fonctionnement, en prenant garde de ne pas s'électrocuter. Le cinquième officier du bord était un jeune prodige : Herbert Mayer. Hans l'avait rencontré lors de sa formation pour prendre la tête de son propre navire. Herbert n'était alors que cadet, mais il avait la réputation d'un bidouilleur génial. Hans l'avait embarqué sur son commandement, comptant sur lui pour réparer les petits bobos du sous-marin, mais aussi motiver les servants du poste torpille. L'an dernier, il avait réussi à réparer un propulseur de torpille qui avait pris un gros choc. L'arme avait parfaitement fonctionné, alors que son hélice avait été réparée. On pourrait compter sur lui en cas de coup dur...

Hans était fier de son équipage. Il avait soigneusement recruté chacun d'eux, leur faisant passer comme un entretien. Il parlait souvent avec ses hommes, un équipage à la mer c'est un peu comme une famille, et c'était la seule qui lui restait de toute manière. Chacun d'eux était indispensable, et comptait sur lui pour les emmener au feu, mais surtout les en ramener. Il n'avait jamais eu à déplorer un seul mort, et n'avait eu qu'un blessé : ironie du sort, le médecin s'était fait une entorse durant un entraînement, où le sous-marin avait fait chasse partout pour éviter un haut-fond. Le courant les avait surpris... Et heureusement le « doc » avait vite récupéré.

« - Herr kaleun, paré à la manœuvre. » C'était l'heure d'appareiller. Le courant les pousserait au large, et il fallait profiter de l'étale pour réveiller le lourd navire. Le chef avait déjà réchauffé le diesel, et attendait le top départ.

« - Allons-y. On a quelques paires de fesses à botter en mer...  En avant un tiers, selon la route habituelle. » le sous-marin s'ébranla. Toujours garé au même môle, il avait l'avantage de pouvoir ainsi suivre une route repérée jusqu'à la pleine mer, où il prendrait la tenue de plongée. Le transit au port ne s'effectuait jamais à pleine vitesse : la puissante lame d'étrave aurait fait se balancer les navires, pouvant les faire cogner contre leur quai. Deux remorqueurs de port se tenaient prêts, dans l'éventualité d'une demande d'assistance. Mais les pilotes du port connaissaient le pacha, bien trop fier et adroit pour nécessiter leur aide. Déjà derrière le U105 s'effaçait le dernier môle, celui d'où parfois Hans venait pêcher entre deux patrouilles. De là, il pouvait admirer le ballet incessant des navires, et saluait parfois un camarade partant en chasse. Les sous-mariniers formaient un clan à part, pas toujours compris des « surfaciers ». Un peu comme la cavalerie, ils se considéraient comme une race de seigneurs, non par excès d'orgueil mais par défi personnel : cette envie de se montrer meilleur que les copains, de se dépasser, et de servir au mieux les intérêts de la nation allemande.

Mer du Nord, carré AN95, 28 mai 1940, 15h15

La baie de Wilhelmshaven s'effaçait déjà derrière eux quand Hans redescendit dans le ventre du sous-marin, gavé d'air frais. « prenez les dispositions de plongée, profondeur périscopique. Avant un tiers, pour écoute. On remontera après avoir pointé les contacts». Le central s'anima bientôt, et le navire résonna des sons précédant la plongée : fermeture des écoutilles, cavalcade de l'équipage pour rejoindre son poste, chuintement de l'air qui s'échappait des ballasts, vite couvert par le glouglou du remplissage qui s'entamait.. EN plongée, le sous-marin était invisible et silencieux. Il fallait prendre garde à ne pas éperonner un navire, surtout un gros navire de commerce qui les coulerait sans possibilité d'en réchapper. C'est pourquoi ils avait demandé avant de plonger un tour d'horizon, afin de s'assurer que la zone était déserte. Le périscope s'abaissa en chuintant, rentrant dans son logement. Rien à l'horizon, et pourtant Dieter Sauer, l'opérateur sonar, percevait un contact lointain. Il n'avait pas son pareil pour identifier les « bruiteurs », ses oreilles valaient de l'or. Ses pronostics faisaient parfois l'objet de paris, qu'il gagnaient souvent... mais c'était bon enfant et suscitait l'émulation..

2h plus tard, alors que le bruiteur avait été identifié comme navire marchand côtier, l'officier de quart jeta un œil au périscope. Et se maudit intérieurement d'avoir parié avec l'opérateur, qui avait encore gagné... Hans laissait faire, ce genre d'exercice était de bon aloi pour son équipage, qui se maintenait ainsi au meilleur de ses compétences.. Le moment était venu d'annoncer la mission.

« Messieurs, nous devons aller patrouiller le carré AN31. Je sais que c'est éloigné des routes de convois, mais la Norvège reste un terrain stratégique pour notre pays, qui a besoin de fer. Nous sommes donc indispensable pour défendre cet approvisionnement stratégique. Le transit se fera en équipe réduite, prenez du repos car on pourrait avoir de la compagnie sur place.
À l'issue, et selon la situation au sortir de la patrouille, nous iront en chasse libre chatouiller les anglais. Il faudra s'attendre a une forte présence aérienne aux abords de l'archipel britannique, on risque donc de passer du temps immergé.
Des questions ? Non ? Rejoignez vos postes ! »

Le transit s'annonçait long et monotone, majoritairement en surface pour gagner du temps, entrecoupé d'abattées d'écoute en plongée. L'heure était au repos...


[EDIT: correction du numéro de coque]

Ce message a été modifié par Fanch_53 - samedi 05 août 2017 à 19:54.
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Gibus
posté vendredi 04 août 2017 à 15:41
Message #2


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<S639>AMAZ...
posté vendredi 04 août 2017 à 19:49
Message #3


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Exorde très réussie, bien.gif aussi je suis impatient de lire la suite.
Quel plaisir ! wink.gif


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Fanch_53
posté vendredi 04 août 2017 à 21:22
Message #4


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Merci les copains !

Pour une première, je m'attendais pas à de telles réactions: content et touché...

La suite dès que j'ai fait la mission, ce soir ce sera repos en bannette car demain debout 5h !
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Fanch_53
posté mardi 08 août 2017 à 08:57
Message #5


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La suite....

La patrouille avait été morne : une mer plate, un ciel vide, une mer comme désertée par les navires marchands. Seuls brisaient ce silence les animaux qui peuplaient cette immensité, où rien ne ressemble plus à une vague que la suivante. Mer du Nord – morne plaine. Le moral allait se dégradant, jusqu'à ce que Hans décide de sortir son navire de cette ennuyeuse routine :

« Messieurs, on s'ennuie ici. Nous allons faire route vers l'archipel britannique, et aux abords on verra bien ce qu'on ramasse... »

Un élan de soulagement anima l'équipage, entrecoupé de commentaires enjoués. L'action leur plaît, pensait Hans. J'en ai fait une arme. Affûtée. Restait à s'en servir...

En concertation avec ses officiers, Hans préparait un gros coup, qui remonterait très certainement le moral de l'équipage. En effet, il comptait passer au large de Scapa Flow pour gagner l'Atlantique. Pourquoi lors ne pas se servir au passage ?


1er Juin 1940, 5h30
carré AN16

Le jour pointait déjà au large de Scapa Flow, mouillage principal de la Home Fleet. Depuis le coup d'éclat de Gunther Prien le 14 octobre 1939, et son torpillage du Royal Oak, tous les pacha sous-mariniers de la Kriegsmarine rêvaient de marcher sur le même chemin de gloire. Mais la sécurité avait été renforcée à l'entrée de cette baie naturelle, rendant quasi impossible d'y entrer – a fortiori de jour. De nombreux milles séparaient encore le U-105 du mouillage, et Hans Drakenberg se dirigeait résolument pour passer tout près Scapa Flow. Il était temps d'avertir l'équipage, qu'il avait mis au repos maximum, en prévision des longues heures à venir.

« Messieurs. Cette patrouille au large de la Norvège fut d'un ennui, j'ai décidé qu'on devrait se dégourdir les jambes. Nous allons passer dans l'Atlantique d'ici quelques heures. Mais avant, j'ai une surprise pour vous tous.
Vous connaissez tous Gunther Prien, le héros du U-49. Bientôt, nous marcherons dans ses pas. Nous allons aujourd'hui nous glisser près de Scapa Flow, en espérant trouver des objectifs d'opportunité sur la route de l'Atlantique, et repérer le chemin qui sera le nôtre si nous avons un jour l'opportunité de frapper la Home Fleet. Situation silence, équipage de quart à poste et le reste en bannette. J'appellerais aux postes de combat le moment venu. En attendant, prenez du repos, on pourrait être secoués. »

L'équipage tout entier n'était que sourire. Certains, parmi les plus jeunes, imaginaient déjà la fierté de leurs parents quand ils reviendraient d'un tel coup d'éclat. Seuls les marins en passerelle étaient moins jouasses : les matins sont frais en mer, qui plus est avec ce temps... d'anglais. Mais ils furent vite sortis de leur torpeur par un ronflement caractéristique... Celui d'un Rolls-Royce Merlin C.

« Alerte ! Avion au 2-4-0, longue distance, se rapproche ! »

Montant l'étroite échelle menant au pont, Willhelm Mûller se précipita vers la lourde mitrailleuse de Flak, talonné de près par un marin qui prendrait en charge la mitrailleuse légère. Déjà apparaissait les ailes et l'empennage caractéristique d'un Hawker Hurricane, danger d'autant plus grand qu'il pouvait porter un chapelet de bombes, et qu'il transmettrait sûrement la position du navire à ses chefs.

Il déboula du plafond de nuages, croisant le navire en oblique, puis remontant rapidement se cacher. Müller pensa tout de suite avoir affaire à un pilote expérimenté, et connaissant la doctrine des brits il chercha du regard son ailier. Un point grossissait à l'horizon... La bataille de Dunkerque faisait rage et occupait la RAF, laissant à des pilotes moins adroit la « garde » du ciel. « Celui-ci ne passera pas la journée », décréta l'officier marinier, spécialiste flak du bord. A la première passe, il manqua de peu le nez de l'avion, qui remonta en Imelmann dans le plafond nuageux. Au moins il avait perdu beaucoup d'énergie dans cette manœuvre audacieuse... Il réapparu aussitôt, volant en effet bien moins vite. La mitrailleuse de 37 n'eut aucun mal a frapper son moteur, qui pris feu. L'avion s'abîma en mer dans un hurlement sinistre, et Mûller se tourna vers le second avion, qui s'éloignait déjà au ras des vagues. Ce pilote est malin... Son avion se confondait avec la mer, rendant difficile son suivi. Les premiers rayons du soleil réchauffaient l'atmosphère, et aveuglaient les défenseurs : une heure idéale pour une attaque aérienne... Déboulant du soleil, le Hurricane lâcha deux bombes, qui heureusement tombèrent loin du sous-marin, et valurent à l'avion de jolis trous dans ses ailes. Comme de la fumée s'en échappait, mais ce n'était certainement qu'un réservoir crevé. Peut-être que les traçantes allumeraient un feu... De la passerelle du kiosque, Carlewitz était aux premières loges pour suivre et coordonner la défense contre avions. De sa voix forte, il donnait les azimuts, distances, identifications des avions. Dans ses jumelles il aperçu un éclair.... « bien joué Willhelm, son aile est en feu ! » Un parachute blanc se découpa sur le ciel clair. Et de deux... et rien d'autre à l'horizon. Ordre fut donnée de cesser la veille flak, et par habitude autant que par rigueur, Adolf Carlewitz refit un tour d'horizon. Une forme évanescente semblait sortir d'un banc de brume... Mais ils étaient trop loin encore. La proximité du mouillage ennemi laissait peu d'alternative : il fallait être discret. En bas, dans le sous-marin, Müller était congratulé par ses camarades, ce qui était amplement mérité après sa double victoire...

« Paré à plonger ! Venez au 3-4-0, immersion périscopique. » Le klaxon de plongée résonna dans le sous marin tandis que chacun cavalait à son poste ou sa bannette. Très vite, les premiers craquements et le chuintement de l'air qui s'échappe signalèrent le début de la plongée. Dès que le sous-marin fut pesé, il y eu une voix qui sortit du local sonar :

« Herr kaleun, contact 0-2-0, longue distance, se rapproche. Je dirais un marchand, et un gros. Autre contact inconnu au 0-2-3, un peu plus loin, se rapproche aussi ».

Hans jubilait, à peine deux avions abattus que deux contacts se présentaient. Cette petite virée anglaise s'annonçait fructueuse....

Ce message a été modifié par Fanch_53 - mardi 08 août 2017 à 09:00.
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Gibus
posté mardi 08 août 2017 à 12:47
Message #6


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Citation (Gibus @ vendredi 04 août 2017 à 16:41) *
L'heure est à attendre la suite avec envie.

Pas déçu. bien.gif

Juste un point de détail : au calibre 37 mm ce n'est plus une mitrailleuse mais un canon. wink.gif


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Fanch_53
posté mardi 08 août 2017 à 16:28
Message #7


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Détail important, merci Gibus (en plus je le savais). C'est ça d'écrire trop tôt le matin !
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Invité_dudule_*
posté mardi 08 août 2017 à 16:43
Message #8





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Excellente lecture bravo et merci !! bien.gif
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U 2518
posté mardi 08 août 2017 à 16:53
Message #9


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Avec retard, j'ai lu les deux épisodes des aventures du U 105 et de son Kaleun Hans Drakenberg
Le récit d'une campagne ou d'une patrouille est toujours un plus pour notre passion : la simulation "sous-marine "(et cela pour tous les SH et autres) c'est un moyen d'attirer d'autres joueurs. Il permet aussi de comparer certaines situations qui se ressemblent (interception d'une cible par exemple) ou comment sortir d'une situation "cata".
Le récit se rapproche du compte -rendu de fin mission ou chacun en tire un enseignement. (Scapa-flot, la lecture des récits de ceux qui ont joué à la Prien, donne une idée de manouvre).
Quand en plus le récit est vivant comme celui - ci , c'est un plaisir de lire et on attend la suite avec une certaine impatience, comme pour un bon bouquin, qu'il faut arrêter parce que c'est l'heure de la soupe! mad.gif
Alors la suite ( et j'attends la patrouille qui te mènera à New-York sleep.gif )
pour conclure icon_boire.gif bien.gif

Ce message a été modifié par U 2518 - jeudi 10 août 2017 à 11:03.


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il y a trois sortes d'êtres: les vivants, les morts, et les marins (anacharsis)
et Taïaut "Horridoh" !
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<S639>AMAZ...
posté mardi 08 août 2017 à 19:14
Message #10


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Citation (Gibus @ mardi 08 ao?t 2017 à 14:47) *
Juste un point de détail : au calibre 37 mm ce n'est plus une mitrailleuse mais un canon. wink.gif

Rien n’échappe à IA en chef.
Mais pour un ancien 1er RS ABC, tout ce qui n’est pas 105, est mitrailleuse.


Citation (Fanch_53 @ mardi 08 ao?t 2017 à 10:57) *
]… il manqua de peu le nez de l'avion, qui remonta en Immelmann dans le plafond nuageux. Au moins il avait perdu beaucoup d'énergie dans cette manœuvre audacieuse...

Mais quelle culture !


Nul besoin de dépenser des piastres, pour des livres sans histoires, comme « … avant L’Herminier ».
Là, nous vivons cette aventure.


Aussi, je m’approprie cette appréciation :
Citation (U 2518 @ mardi 08 ao?t 2017 à 18:53) *
... c'est un plaisir de lire et on attend la suite avec une certaine impatience, comme pour un bon bouquin ...


bien.gif





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Fanch_53
posté mardi 08 août 2017 à 22:41
Message #11


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Merci pour ces élogieuses critiques, ça fait vraiment plaisir. blush.gif

En effet, c'est un récit écrit après mission (sauf pour la première partie, qui fut rédigée jusqu'au point atteint ce soir-là). La suite est écrite depuis la fin de mission, d'après souvenirs et en romançant un peu.
L'attrait pour la simulation sous-marine m'est venue en lisant les romans de M. Dimercurio, mais aussi en discutant avec un de mes petits cousins, qui fut un des pachas de la FOST. Balader des missiles nucléaire durant de longues patrouilles... Il adorait son métier. Désormais à la retraite, je l'ai perdu de vue.

Pour ma part, j'étais chargeur AMX 10-RC, donc sur un kart avec canon de 105 (et 2 mitrailleuses de 7,62). Le plus gros calibre du régiment ensuite était du C20 (sur VAB).

Les appelations de manoeuvres aériennes, merci Warthunder. wink.gif

La suite bientôt. Vous avez été sages? Moi aussi. Et comme vous avez été sages, la suite va suivre (logique, me direz-vous).

EDIT: orthographe

Ce message a été modifié par Fanch_53 - mardi 08 août 2017 à 22:48.
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Fanch_53
posté mardi 08 août 2017 à 22:47
Message #12


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1er juin 1940, 6h00
Carré AN16

Le U-105 se glissait dans les eaux froides au large de Scapa Flow, tous les sens en aguet. L'opérateur sonar avait repéré un marchand à l'hydrophone, et le deuxième contact se rapprochait. Curieusement il semblait avoir synchronisé sa vitesse sur le marchand :

« Herr kaleun, 20 marks que c'est un enfoiré d'escorteur ou quelque chose dans le genre ! » Le bruit rapide des hélices ne laissait guère de doute... La cargaison devait être assez importante pour justifier une protection armée. Comme d'habitude, Dieter Sauer était joueur. Hans avait recruté l'un des meilleurs opérateurs sonar de la Kriegsmarine : il avait en mémoire tout un ensemble de bruits, il les reconnaissait de loin, et surtout il prenait des notes pour former la prochaine génération, deux matelots à peine sortis de l'adolescence et à l’ouïe déjà aiguisée. Sauer était un bon formateur : il saisissait chaque occasion de les initier, même en ce moment où il passait ses écouteurs à l'un des matelots, Ludwig Olufsen.
« Dieter, tu va finir par tous nous ruiner. C'est quoi à ton avis ? 
- Je dirais un croiseur, Herr kaleun. On est pas assez chanceux pour cueillir le Nelson au petit déjeuner... Distance moyenne, on va pas tarder à les voir je pense»

Et en plus il faisait de l'humour... On serait bientôt fixés, Hans faisait remonter le périscope pour jeter un œil.

« Immersion 15m, sortez le périscope à moitié. Attention pour la vue... OK, rien en surface »

Hans prenait toujours la précaution de regarder autour du sous-marin avant de percer la surface, afin de repérer les éventuelles coques au dessus de lui et éviter la collision. Ensuite seulement il remontait à l'immersion périscopique, et jetait un bref coup d’œil au dehors. Jamais longtemps, pour ne pas être repéré.

« Immersion périscopique. À l'issue remontez le périscope, on va prendre la vue.

- Immersion périscopique Herr kaleun, pesé et près à prendre la vue.
- Reçu remontez le périscope. Radio, profites-en pour écouter la météo... »

Le central était joyeux, tendu comme un félin à l'idée de l'action à venir. La petite pique les fit sourire : Hans était un pacha assez détendu, de toute façon ils étaient tous sur le même bateau...

« Top pour la vue. Rien autour, hormis nos deux futurs amis. Je passe à grossissement fort. Un croiseur auxiliaire au 2-9-8. Un cargo type C2 au 3-0-1. Rien autour. Affalez le périscope. »

Hans était content : il était tombé sur un petit convoi, le C2 montrait de grandes caisses et se dirigeait vers le mouillage anglais. Peut-être une livraison de munitions... On serait vite fixés.

« - aux postes de combat, on va les descendre comme à la foire. Otto, fais moi une belle route d'interception, qu'on puisse les avoir sans se planter.
- Reçu Herr kaleun, je vous fait prévenir quand on sera en position ?
- je reste ici. Mais tu prend la manœuvre, j'ai le journal de bord à rédiger. Foutue paperasse... »

1er juin 1940, 6h45

Otto Tötenhagen avait pris la manœuvre, et amené le sous-marin jusqu'à son poste de tir. Silencieux, il s'approchait doucement, peaufinant son approche comme un chat reluquant une mouche. Fritz Friedrich avait préparé les torpilles, qu'il surnommait affectueusement « grenouilles », certainement en raison de leur peinture verte.

« Herr Kaleun, nous sommes prêts à engager les deux contacts. Torpilles parées, en attente des éléments. Propulsion parée, à petite vitesse sur électriques. Central paré, je rend la manœuvre.
- Merci Otto, je prend la manœuvre. Remontez le périscope, qu'on voit un peu leurs tronches de rosbifs...
top la vue. Ils sont super bien placés, en rang comme à l'école. Fritz, tu me calcule deux belles solution de tir pour les deux pigeons là-haut. Je te laisse la vue.
- Merci Herr kaleun. Je prend la vue »

En à peine une minute et demi, Fritz Friedrich avait calculé les solutions de tir et fait programmer les torpilles. Cet officier était vraiment une tête en maths... Pour son plus grand malheur auprès des filles, qui maîtrisaient mal les subtilités des chiffres. C'était assez amusant de voir un officier aussi bon en mathématiques fondamentales et patron de l'armement d'un navire aussi désemparé devant la gent féminine... L'idée fit sourire le capitaine Drakenberg, au moment ou il reprit la vue pour commander le tir.

«  Herr kaleun, solution de tir et grenouilles parées. La météo est bonne, et la mer pas trop formée. Torpille une sur le croiseur, profondeur 7,5m en magnétique, distance 850. Torpille deux sur le cargo, profondeur 9m en magnétique, distance 920.

OK Fritz, je reprend la vue. Attention, top la vue » Hans remonta le périscope, qui ne restait jamais longtemps en surface pour leur éviter d'être repérés.
« Paré à tirer, à mon commandement. Torpille une, sur le croiseur. Feu ! Torpille deux, sur le cargo, feu ! Affalez le périscope juste sous la surface»

Le bruit assourdissant de l'expulsion des torpilles emplit le sous-marin, suivi de la brusque dépression consécutive au lancement. L'équipage d'un sous-marin y était vite habitué. Un peu sourd aussi, à force.

Sauer suivait à l'hydrophone les torpilles et les contacts. Les deux engins de type G7e, autrement appelées T II, filaient à 30 nœuds vers la rencontre de leur courte vie, silencieuses ou presque : leurs hélices tournaient tellement vite que la cavitation s'entendait distinctement. Engendrées par la différence de pression entre le bord interne et le bord externe des pales de l'hélice double, des milliers de petites bulles de gaz disparaissaient en claquant. Les navires ne verraient pas la mort venir... Il fallait surtout surveiller tout changement de route des cibles, pour éventuellement corriger le tir.

Il restait encore une dizaine de seconde avant le premier impact. L'équipage attendait nerveusement la délivrance, espérant que le premier tir suffirait.

« Herr kaleun, le croiseur évolue par la droite, je pense qu'il à repéré les t... » Sauer fut brutalement interrompu par une grosse déflagration, qui laissait imaginer sans peine les dégâts infligés à sa coque. Explosion suivie de craquement, signifiant que le croiseur se brisait.
Une deuxième explosion se fit entendre, et tandis que Hans regardait les dégâts, il vit que la torpille destinée au cargo acheva le croiseur : les deux navires étaient proches lors du deuxième impact... La deuxième torpille avait brièvement fait disparaître la poupe du cargo dans une boule de feu mêlée d'un mur d'eau. L'impact, au ras de la coque, avait fait un maximum de dégâts. EN effet, ce mode de déflagration tirait partie de l'impossibilité de compresser les liquides : c'était comme un gigantesque poing d'eau de mer qui enfonçait la coque.

« But sur les deux cibles. Croiseur coulé, cargo en perdition, poupe immergée. Je crois qu'on va attendre sagement qu'il coule, il n'en a plus pour longtemps. Le feu a pris dans la soute arrière, on dirait... Stop machines, je ne veut pas couler avec lui. »

1er juin 1940, 6h55
Sur le Cargo John Hooker, carreau AN 16

D'un convoi sans histoire, l'attaque avait brutalement transformé la réalité en antichambre de l'enfer. Les torpilles étaient sorties de nulle part. D'abord le croiseur, dangereusement proche en raison de la proximité du port d'arrivée, avait été ravagé : sa coque avait été comme découpée par le poing de D.ieu, si tant est qu'Il ai eu envie de se baigner dans les eaux grises et froides de l’Écosse... Son capitaine avait réagi trop tard, en apercevant la torpille en fin de course : sa tentative d'abattée avait échoué à éloigner le lourd croiseur de sa mort programmée.
Aussitôt le capitaine du cargo avait ordonné une abattée inverse, juste au cas où. Mais son lourd navire, chargé à ras bord du ravitaillement en munitions pour la flotte, était lent à réagir. Et une brutale explosion avait soufflé l'arrière. Quand le capitaine Walker ouvrit enfin les yeux, il vit... l'apocalypse. Il avait été projeté, s'ouvrant l'arcade sur la table à carte, et perdait du sang. Son second était mort, la nuque brisée. Des blessés un peu partout, la poupe qui prenait l'eau et surtout un incendie en soute. Déjà l'équipage s'activait, preuve de son grand professionnalisme. Walker ne se faisait pas d'illusions sur la suite des événements : soit le navire coulerait suite à l'avarie qui le privait de propulsion et de barre, soit son chargement exploserait, soit le salopard qui les avait torpillé à une heure de l'arrivée les achèverait. Il repensa à sa femme, à ces rendez-vous qu'il devaient honorer au retour. Notamment le dentiste, chez qui il y avait trois mois de délai... Son mal de dent était loin quand la cordite, explosif puissant des munitions de marine, détona. La boule de feu engloutit le navire, le projetant en pièces de toute part. La Home Fleet serait un peu courte sur les munitions cet été... Et le docteur Lévy attendrait longtemps sa pose de couronne.


1er juin 1940, 6h58
carreau AN 16, à bord du U-105

La boule de feu lui fit mal aux yeux, tandis que Hans regardait sombrer le cargo. Heureusement, son navire était resté à plus de 600m du navire blessé, pour ne pas se retrouver endommagé par le naufrage et ses conséquences. L'équipage poussa un grand hourra, libérant d'un coup la pression de la chasse. Pour le silence, on repassera... Mais ils avaient bien mérité cette exultation, tant la victoire était belle : un croiseur auxiliaire, c'était dans les 13.000 tonnes, et un cargo de ce type allait chercher dans les 6500 tonnes à pleine charge.

Un homme vint vite troubler la fête : Sauer continuait sa veille à l'hydrophone, et il eut l'intuition géniale que quelque chose n'allait pas quand il entendit brutalement des hélices rapides.

« Herr kaleun, un autre enfoiré de croiseur au 3-1-7, il s'est allumé d'un coup et nous fonce dessus ! 

- Reçu, affalez le périscope et plongez à 20m, en avant lente, venez au 2-6-8 »

La manœuvre audacieuse amènerait le sous-marin sous le croiseur, une tactique audacieuse qui profitait de la cacophonie des hélices du navire anglais. Laissant derrière lui couler le cargo, le U-105 glissait silencieusement dans les eaux froides. Le petit fond ne lui autorisait pas de plonger profond, et un navire parfaitement capable de l'entendre approchait. Heureusement, le soleil avait commencé à réchauffer la mer et toute la microfaune marine commençait a remonter pour se nourrir : principalement du krill, mais aussi de petites crevettes, formant un nuage vaporeux. Tandis que le sous-marin les dérangeait, ils s'écartaient dans une protestation silencieuse. Plus ou moins : les crevettes émettaient leur claquement caractéristique, et camouflaient le bruit des deux hélices qui brassaient lentement l'eau. Tant et si bien que le destroyer, à l'écoute, ne les entendit pas passer juste sous lui. Hans avait gardé le périscope légèrement remonté, si bien qu'à site maximal il vit la coque de son adversaire se détacher dans le soleil naissant. Le croiseur continuait sa route vers le site de l'épave, certainement pour repêcher les quelques survivants. Une grosse erreur.

« cette andouille s'est arrêté ! Remontez à l'immersion périscopique, préparez les torpilles à l'arrière, on va l'envoyer nager avec ses petits copains... »

le sous-marin craqua un peu mais profita de son erre pour se stabiliser à 13 mètres. Périscope à ras de l'eau, Hans le vit dans une position parfaite, et annonça les paramètres de tir :

« cible stationnaire, gisement 1-7-8, quasiment à la perpendiculaire. Il est tout près... C'est un Dido. Réglez les torpilles à 4m, que ça lui pète juste sous le ventre.
- torpilles parées Herr kaleun !
- Attention pour lancer. Tube 5, feu ! »

le même son, la même dépression leur agressa les oreilles.

« on s'arrête pas pour regarder, on s'éloigne avant qu'il ne nous explose sous le nez. Il ne pourra pas s'en sortir... »

En effet, le croiseur de type Dido s'était arrêté pour repêcher les survivant du naufrage de l'autre croiseur. Environ la moitié de son équipage avait pu sauter à l'eau avant de sombrer, mais une bonne partie avait souffert de l'explosion du cargo, qui avait enflammé la nappe de carburant qui entourait l'épave. Les quelques survivants se hissaient péniblement, aidés par leurs camarades dont certains n'avaient pas hésité à plonger pour les récupérer, après s'être assuré en s'attachant au navire pour être certain de remonter en vie. C'est ce qui les tua.

La torpille frappa en affleurant la coque, juste sous la soute à carburant. Le navire fut soulevé, et cassa comme une branche sèche. En flammes, ses deux parties sombrèrent rapidement, emportant leur équipage et surtout les apprentis sauveteurs qui s'y étaient attachés. La plupart réalisèrent trop tard leur erreur, quand leurs oreilles furent crevées par la pression et leurs poumons impitoyablement vidés de leur air. Ils succombèrent à la noyade, une mort plus clémente que leurs camarades en surface, rôtis par l'explosion.

« Et de trois ! Messieurs, vous méritez cette victoire, on a coulé en une demi-heure 25.000 tonnes ! »

L'équipage était heureux, mais l'heure était à la dérobade. On pourrait souffler quand on serait en pleine mer.

« Nav, on se barre d'ici en vitesse. On refera surface plus loin, quand on aura de l'eau sous la quille. En attendant, silence à bord, et on esquive en souplesse. »


1er Juin 1940, 10h30
Carreau AN-13

« Sauer, des contacts ?
- négatif, Herr kaleun, juste des poissons qui nagent.
- Reçu, remontez le périscope. »

La fuite du U-105 s'était passées sans problème. Une corvette avait grenadé sans conviction leur position d'attaque, mais n'avait pas cherché à poursuivre le sous-marin.

Désormais ils étaient loin, mais la prudence restait de mise dans une zone où le Coastal Command pouvait venir leur tournoyer au dessus de la tête... C'est pourquoi l'équipage restait en alerte, et que le capitaine Drakenberg inspecta plus longuement que d'habitude le ciel. Rien en vue...

« rien à la vue, même pas une mouette. C'est vraiment un coin pourri... On remonte, surface, en avant toute direction l'Atlantique et les convois. » il baissa le périscope, tandis que l'équipe de veille se préparait. « Nav, tracez moi une belle route pour le carré AM51, et prévenez-moi quand on y sera. Je vais aller dormir un peu. Otto, je te laisse le central.
- Je prends la veille ! », répondit Tötenhagen, officier en second du bâtiment depuis la qualification sur la série IX-b. L'étape prochaine pour lui serait de commander son propre navire, d'ici quelques années.
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U 2518
posté jeudi 10 août 2017 à 16:39
Message #13


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carré AM 51, nous avons hâte d'y être devil.gif


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DSM
posté jeudi 10 août 2017 à 19:02
Message #14


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Merci pour ces récits, félicitations , que l'aventure continue.
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Fanch_53
posté lundi 04 décembre 2017 à 01:05
Message #15


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Très légère brise

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Bonsoir

Je passe en coup de vent entre deux plongées, juste pour vous dire que je ne vous oublie pas, mais... Je suis en pleine reconversion, et ça me prend tout mon temps (bientôt j'espère une formation longue mais qui me donnera du boulot).

Je reprend doucement la barre de mon uboot... wink.gif
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U 2518
posté lundi 04 décembre 2017 à 17:19
Message #16


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bon courage pour ta formation et M.....pour les aventures du Kaleun Drakenberg on attendra (avec impatience, les récits de parties manquent)


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Fanch_53
posté mercredi 06 décembre 2017 à 16:26
Message #17


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Faut vraiment que je termine cette histoire, c'est pas cool de vous laisser sur votre faim.

Je reprend les log de navigation et je rédige ça ASAP.
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Fanch_53
posté mercredi 06 décembre 2017 à 17:39
Message #18


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Pour me faire pardonner, un début de suite:

1er Juin 1940, 16h15
Carreau AM-51

Le voyage s'était passé sans encombres, et l'équipage avait même pu profiter de quelques instants à la surface pour fumer, sous un soleil radieux et une excellente visibilité. Tötenhagen avait mené le navire rapidement au Nord-ouest du carreau, permettant l'interception des convois. C'était son tour de se reposer quelques heures, avant que le pacha ne convoque tout le monde. Le navire était retourné à l'immersion pour ses derniers nautiques, permettant d'arriver discrètement.

Des convois entre l'Angleterre et le Nouveau Monde commençaient à se former, face à l'impitoyable danger des loups gris de l'Amiral Karl Dönitz. Formés de navires disparates, parfois de rafiots vieillissants et asthmatiques, et escorté par des corvettes trop fragiles, ils étaient des cibles rêvées, et les commandants de U-boot se donnaient le mot avant la curée. L'Amiral était sans ambiguïté sur sa volonté stricte de rendre compte préalablement à l'action, permettant de réunir plusieurs sous-marins sur une même action, et de couler l'intégralité du convoi. Son but était d'asphyxier l'économie britannique, et il ne s'arrêterait pas aux côtes anglaises... Le type IX est une machine d'endurance, fins et bien armé. Bien commandé, il se glisse tel un requin aux abords de ses victimes, et frappe sans préavis. Hans Drakenberg comptait mettre à profit le formidable potentiel de son navire et de son équipage pour mettre une belle pagaille, et il aurait besoin d'un équipage reposé et affûté...

1er Juin, 22h
Carreau AM-51

C'était l'heure de donner le menu pour le pacha. Drakenberg fut concis :

« Nous sommes arrivés tout à l'heure sur le carreau AM-51, un coin poissonneux. La radio annonce un convoi pour le milieu de la nuit. Mission pour nous et un sous-marin ami, tirer dans le tas, et dézinguer le maximum de tonnage. Nous sommes sur zone depuis quelques heures, à grenouiller, et attendons nos victimes de la nuit...

Messieurs, il va falloir faire mieux que les copains, qui nous paieront un coup à boire lors du retour au port. Il en va de la réputation de ce navire, mais je sais pouvoir compter sur vous.

Sonar, toujours rien à l'écoute ?

- Non, pas encore Herr Kaleun. Hormis des crevettes et des biologiques au loin.

- très bien, au moindre signe tu nous tiens au courant.

Reçu, Herr Kaleun. »

Les officiers se pressaient autour de leur chef, dans l'attente des ordres préparatoires à la curée.

«  Johannes, comment est le moteur ?
- ronflant mon Capitaine. Et propre comme un sou neuf. Paré à la manœuvre !
- Fritz, tes grenouilles ?
- RAS mon capitaine, les tubes sont pleins et en attente d'une cible, on aura plus qu'à équilibrer avant d'envoyer.
- Otto, la route ?
- j'ai un itinéraire de recherche, en fonction des routes des convois précédents. Le fond est assez loin pour qu'on puisse plonger loin des grenadages, j'ai fait prendre les postes de combats.
- Parfait messieurs, on attend plus que nos charmantes victimes. Elles auront une belle surprise... »

A peine avaient-ils fini le rassemblement que le sonar signala la prise en compte d'un convoi nombreux, mais sans pouvoir distinguer le volume ni la nature de ses participants. L'attente serait longue...

Drakenberg s'adressa à tout l'équipage : « Rompez les postes de combat, mais n'allez pas non plus pioncer en bannette. Je veux tout à l'heure vous avoir sous la main avant même de finir ma phrase. D'ici deux heures, ce sera la foire aux rosbifs ! »

L'équipage était déjà tendu comme un félin, prêt à fondre sur sa proie. Encore de longues minutes à attendre, deux bonnes heures avant de libérer la tension dans un ballet mortel...

Drakenberg ne serait pas seul à la curée : il serait accompagné d'un autre sous-marin, d'une autre flottille. Un type VII, le modèle le plus courant dans l'Atlantique, commandé par un vieux briscard appelé Buchmann. Comme un signe du destin, c'était aussi un grand amoureux de la littérature, capable de citer les auteurs grecs de mémoire, et friand de l'art dramatique lorsqu'il racontait ses exploits. Drakenberg l'avait connu à l'école navale, où Buchmann avait été un formateur exigeant et perfectionniste... Lors d'un exercice de grenadage, il avait fait chasser aux ballasts au dernier moment, créant un bruyant rideau de bulles, avant de battre en arrière. Ça avait marché, les bulles avaient créé un écho masquant la manœuvre, et le navire en surface avait grenadé... de l'air. Drakenberg avait appris toutes les filouteries de son mentor, et en avait même imaginé d'autres, qu'il pourrait bien utiliser ce soir si ça tournait vinaigre.

2 juin, 00h10
Carré AM-51

« Herr Kaleun, le convoi est proche, environ 5 nautiques. Il fait route au 115, vitesse moyenne. J'entends de nombreux navires marchands, et pour le moment deux navires d'escorte.
- Merci Sauer. Tu rend compte au moindre changement.
- Reçu Herr Kaleun. Je crois que ça va être une belle nuit. Sauf pour eux a priori... »

Décidément, ce Sauer commençait à avoir un humour quasi britannique, parfois. Ce coté carnassier dans ses blagues réjouissait ses supérieurs, car il montrait son intense motivation à sa mission et détendait l'atmosphère au central. Drakenberg fit appeler aux postes de combat, et remonta doucement à l'immersion périscopique. EN effet, les craquements de la coque lors d'une remontée trop rapide les feraient repérer. Voici une heure déjà qu'était arrivé leur acolyte, et ils avaient convenu par radio d'un dispositif en L, parfait pour une embuscade : ainsi aucun risque de se tirer dessus, et les torpilles arriveraient de tous cotés... semant la zizanie dans le convoi. Drakenberg fit monter le périscope, afin de se faire une idée de la situation en surface. Afin de ne pas être repéré, il affleurait la surface, au risque que la houle lui brouille le paysage.

« Top la vue. On est tombé en pleine réunion mondaine, les gars. Je vois un escorteur en pointe, et derrière lui trois files de marchands. Un escorteur au loin à leur bâbord, je ne distingue pas celui à leur tribord. Ils sont lents... Sauer, tu entend quoi ?

- Y'a de vieux navires, Herr Kaleun. L'un d'eux doit avoir un problème d'hélice, c'est pas le même bruit que d'habitude, comme s'il avait cassé une pale...

- il doit les retarder...Bon, on dézingue la pointe, et on tape dans le tas. Je distingue un gros tanker sur l'avant, il à l'air chargé. Ça devrait éclairer la scène pour taper les suivants.

Objectif 1, l'escorteur de pointe, gisement 34.
Objectif 2, le gros tanker, gisement 48.
Objectif 3, le cargo à son flanc bâbord, qui transporte des caisses en bois. Gisement 51.
On garde une grenouille en réserve.

Fritz, je te laisse la vue pour tes solutions.

- Reçu Herr Kaleun, je prend la vue. »

En quelques temps, tous les paramètres nécessaires aux solutions de tir avaient été prélevés. Friedririchs fit affaler le périscope, pour ne pas être prématurément repéré. Il avait soigneusement planifié son attaque : les torpilles frapperaient en simultané, ou presque. Pas le temps de réagir pour le convoi...
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