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> Opération Hailstone, La 3ème patrouille de l'USS Skate
Gibus
posté lundi 05 novembre 2012 à 18:41
Message #1


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Sources :
The Simon and Schuster Encyclopedia of WWII
Rapport de patrouille de la ComSubPac n°393 du 26 mars 1944. USS Skate. 3ème patrouille de guerre.


Le présent récit n'est pas un récit de partie à proprement parler mais la compilation et la traduction des documents cités plus haut et qui relatent les actions de l'USS Skate lors de l'opération Hailstone, le nettoyage de Truk. A travers lui, le lecteur se fera une idée des conditions de combat, de l'omniprésence de l'aviation (tant décriée par certains dans le jeu), du temps de transit pour économiser le carburant, de la difficulté à identifier les cibles, de l'efficacité toute relative des destroyers japonais, etc ... pour se rendre compte que tout compte fait SH4 est assez représentatif de la réalité de l'époque.

Après la prise des îles Gilbert, CinCPac définit Flintock comme la grande étape suivante dans le centre Pacifique, consistant en la reprise des îles Marshall et fixait le jour J au 31 janvier 1944. Les trois bases principales à prendre étaient Roi-Namur, Majuro et Kwajalein. La prise d'Eniwetok était prévue ultérieurement. Le corps expéditionnaire de la V° Flotte avançait, accompagné de 6 gros porte-avions, 8 cuirassés, 6 croiseurs et 36 destroyers. Suivaient les forces de débarquement composées de 297 bateaux et 53.000 marines pour donner l'assaut.
Le 2 février, en fin de journée, les lieux cibles étaient sous contrôle avec 8 semaines d'avance.
Le 24 janvier, le capitaine de corvette William P. Gruner avait pris le commandement du Skate à la suite d'Eugène B. McKinney. Il héritait d'un équipage exceptionnel et d'un bâtiment excellent. Les sept patrouilles de Gruner en tant que second du Pike, du Sunfish et de l'Apogon en faisaient un commandant très qualifié. On ne se trouvait qu'à une semaine du jour J de l'opération Flintock lorsque le Skate quitta Pearl Harbor le 5 février pour se rendre une nouvelle fois aux Carolines, dans les eaux de Truk.
En raison du succès de Flintock, l'opération Hailstone est avancée au 17 février, alors que le Skate était encore en chemin. ComSubPac avait participé à l'élaboration des plans et avait déployé 9 sous-marins : Skate, Searaven et Darter à proximité de Truk, Seal à Ponape et cinq autres positionnés le long des routes de fuite possibles à partir de Truk. Les objectifs étaient la reconnaissance et le torpillage des navires japonais tentant de fuir l'atoll, au moment où frapperait la V° Flotte. Lorsque la date fut avancée, ComSubPac envoya un message au Skate avec ordre de se positionner à 160 milles au nord-ouest de Truk. Les ordres stipulaient que le Skate devait se trouver à l'ouest du 152° méridien à minuit, le 16 du mois. La zone située à l'est allait devenir à partir de cette heure, zone de "bombardements aveugles", dans laquelle le Skate serait une proie rêvée pour n'importe quel avion, qu'il soit japonais ou américain. Cela posait un problème car le temps avait tourné à la tempête et il fallait maintenir une bonne vitesse pour passer à temps hors de la zone dangereuse. Cela signifiait naviguer en surface constamment sans avoir la possibilité de vérifier la pesée.

Le rapport de patrouille du 12 février dit :

"10:00 : Le vent a tourné de l'est au sud-ouest pendant la nuit, en passant par le sud. La mer est agitée, le vent souffle à environ 25 nœuds, forcissant. On tenta de maintenir la vitesse des moteurs à 13 nœuds au départ, mais des vagues s’abattaient sur la passerelle.
10:48 : Une grosse vague venant de bâbord a failli éjecter le veilleur tribord de sa plateforme tout en haut du mât du périscope. Le veilleur était William A . Shelton, le canonnier qui avait contribué au sauvetage des aviateurs pendant la première patrouille. Shelton s’était cramponné au support de la plateforme tandis que la masse d’eau verte essayait de l’arracher au bateau. Quand l’eau se retira, l’espace de quelques secondes, l’officier de quart aida le matelot à descendre au niveau de la passerelle et le fit passer dans le kiosque. Il avait eu le dos sérieusement contusionné par cette épreuve et passa le reste de la patrouille dans sa banette. Malgré le blessé, il fallait que le Skate continue à progresser dans la forte houle.
Le poste de commandement était inondé en raison de l’eau qui se déversait par le sas du kiosque. Nous avons progressivement réduit la vitesse jusqu’à ce qu’à 11:00 nous ne pouvions plus avancer qu’à 8 nœuds. La conversion des ballasts 4A et 4B en caisses à mazout a fortement affecté les capacités du bâtiment à tenir la mer. Les vagues qui nous frappent de face s’abattent par-dessus le pont, bien qu’elles ne soient généralement pas hautes. Les ballasts de sécurité et les caisses d’assiette ont été vidés sans que cela n’apporte d’amélioration notable."

Le matin du 15, le rapport dit que : "Les vents ont tourné au noroît et nous avons gagné de la vitesse. Si le vent reste dans ces conditions, nous devrions pouvoir suivre les plans. Deux contacts radar furent établis ce jour-là avec des avions ennemis qui ne s’approchèrent cependant pas."

Le lendemain après midi, un contact avec un avion à 13 milles obligea le Skate à plonger. Sûr de pouvoir passer la longitude critique avant minuit, le sous-marin en profita pour faire la pesée. Une bonne pesée lui permit de descendre à 400 pieds, pour s’apercevoir malheureusement que la température de l’eau était constante, du moins jusqu’à cette profondeur. Cela signifiait qu’il n’existait pas de thermocline sous laquelle se cacher des sonars ennemis si le sous-marin venait à être attaqué.
A la guerre comme dans la vie, la chance joue un rôle significatif. Quelques minutes après la remontée du sous-marin à la surface, à 16h35, un veilleur aperçut la superstructure d’un gros navire à 12 milles. Au même moment, un contact aérien à 13 milles imposait une plongée immédiate. Du fait de la rotondité, on ne voyait alors plus la cible à l’immersion périscopique. Pendant ce temps, l’alerte ayant été donnée d’une manière ou d’une autre, on entendit de façon sporadique l’explosion de bombes ou de grenades sous-marines mais aucune ne tomba suffisamment près pour causer des dégâts. A 17h22, les mâtures d’un cuirassé ou d’un croiseur japonais apparurent dans le périscope. Il était accompagné de chaque côté par un destroyer et probablement protégé par une couverture aérienne. Il sembla à William Gruner que le groupe allait passer la limite de portée des torpilles, mais 13 minutes plus tard, la chance du croiseur tourna : il zigzagua en direction du Skate et se présenta avec un AoB d’environ 30° à une distance de 5.000 yards. Le bâtiment ressemblait à un croiseur lourd classe Furutaka à cheminée unique, avec deux tourelles à l’avant, une tourelle arrière et un avion de reconnaissance entre les deux. Le destroyer à tribord était bien placé pour le protéger, car il se dirigea droit sur le Skate quand ce dernier tira 4 torpilles avec ses tubes avant à 2.300 yards du croiseur. Les choses allèrent ensuite très vite : le Skate plongea pour plus de sécurité en se préparant aux grenades sous-marines. Trois explosions de torpilles se firent entendre au moment de la plongée. Un dernier regard par le périscope montrait le croiseur parfaitement aligné avec le soleil couchant, de sorte qu’on ne distinguait qu’un voile de fumée qui s’étendait de la passerelle à la poupe. Le sonar indiqua un quatrième impact alors que l’escorteur tribord accélérait pour attaquer. Quelques secondes plus tard, les destroyers commençaient un lancer intense et ininterrompu de grenades qui dura 45 minutes. Leur attaque s’apaisa ensuite, mais de façon intermittente pendant une heure, le sous-marin s’échappant vers l’est.
Il importait au Skate de s’assurer des résultats de cette attaque impliquant un important navire de combat japonais. Il refit donc surface à 21h15 pour revenir sur les lieux. On apercevait dans le lointain des flammes et des explosions, et le Skate prit une trajectoire circulaire autour du groupe, de manière à prendre une position propice par rapport au clair de lune en cas de seconde attaque. A 2h40, le croiseur touché, identifié ultérieurement comme étant l’Agano, rendit son dernier souffle et s’enfonça sous les vagues. Minuit était passé et la zone était maintenant le théâtre des bombardements aveugles. En filant vers l’ouest pour gagner un territoire plus sûr, le Skate transmis son rapport de torpillage. Quelques heures plus tard, la Task Force 58 finissait le travail en coulant le destroyer Maikaze, avec les survivants de l’Agano.

Cette attaque marqua la fin des opérations du Skate dans le cadre direct la V° Flotte. Il lança plusieurs autres offensives contre des bâtiments japonais pendant le reste de cette patrouille, mais aucune ne fut suivie de la confirmation de torpillage ou de dégâts infligés aux navires.
Lors d’une attaque de nuit en surface contre un petit convoi escorté au large de Palau, le Skate fit tout de même une peur bleue à l’ennemi lorsque l’une de ces fameuses torpilles défectueuses Mk14-3A explosa prématurément peu après avoir été tirée. Là-dessus, tous les navires du convoi participèrent à un véritable feu d’artifice à faire pâlir celui de l’Indépendance Day, des obus traçants et des fusées éclairantes multicolores illuminant le ciel de toutes parts.
Pour renforcer sa réputation de chasseur de gros gibier, le Skate coula encore, au cours de sa 5ème patrouille, le gros destroyer Fubuki du nom d’Usugumo, en mer d’Okhotsk. Puis, lors de sa dernière patrouille, il participa à l’opération Barney, en mer du Japon, au cours de laquelle, après avoir passé le champ de mines, il coula le sous-marin I-122.


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Le Pacifique est un océan immense. Vous n'y trouverez pas l'ennemi si vous ne le voulez pas. Richard O'Kane.
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Magellan
posté mardi 06 novembre 2012 à 00:02
Message #2


*****
Bonne brise

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Bonsoir.
Voilà un récit qui sent le sel!.....et la vérité en plus.
Pour la pésée question.gif C'est une question d'équilibre des liquides dans les ballasts??
Pour la Thermocline il m'est déjà arrivé plusieurs fois de plonger à 400 pieds et ne pas avoir de message me disant qu'on traverse la Thermocline!!!Cela est reproduit dans le jeu aussi.

Cordialement..Magellan
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Cerumno
posté mardi 06 novembre 2012 à 08:59
Message #3


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Grand-frais

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Bonjour,

Merci pour ce récit. Je vais le publier sur mon FaceBook avec un petit lien sur le forum. happy.gif


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L.J. Silver
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Gibus
posté mardi 06 novembre 2012 à 09:52
Message #4


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Citation (Magellan @ mardi 06 novembre 2012 à 00:02) *
Pour la pésée question.gif C'est une question d'équilibre des liquides dans les ballasts??

Bonjour,

En gros, la pesée consiste à équilibrer le sous-marin par compensation des poids consommés (torpilles, carburant, vivres, etc ...)

Mieux expliqué ici : http://www.sous-mama.org/les-cours-de-conn...i-blog-328.html

Soit dit en passant, la simulation sous-marine telle que nous la vivons à travers le jeu gagnerait en crédibilité et intérêt si cette variable était prise en compte.

Ce message a été modifié par Gibus - mardi 08 août 2017 à 13:10.
Raison de l'édition : Lien mort -> nouveau lien


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