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Version complète : Le radar : ennemi n°1 des U-Boot
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Tortue
Tiré du livre U-977, l'odyssée d'un sous-marin allemand, par le commandant Heinz Chaeffer.

Ce passage est assez effrayant, on se rend compte à quel point le radar est vraiment le gros tournant qui mettra à mal l'arme sous-marine de la seconde guerre. Les temps devaient être dur pour le Type VII sans schnorkel. ph34r.gif


Le Radar, Ennemi n°1

On ne saurait parler de la guerre sous-marine sans insister sur la question du radar. Son apparition marqua un tournant décisif de la lutte dans l’Atlantique, alors que sur tous les fronts nous traversions une phase critique. En dépit d’une lutte héroïque, malgré l’ardeur des équipages prêts à tous les sacrifices, l’arme sous-marine perdit du jour au lendemain son pouvoir d’action puissant, décisif. Les constructions en série des types de combat dont les qualités offensives avaient été démontrées au cours de la première partie de la guerre, atteignaient leur plein rendement lorsque le déploiement de la défense ennemie détruisit leur efficacité.

Expliquons nous mieux. Le mot sous-marin évoque pour le profane une idée facilement inexacte. On devrait plutôt dire « navire plongeur », car, jusqu’à la fin de 1943, il naviguait presque toujours en surface. D’ailleurs, sa structure extérieure révélait déjà qu’il était construit pour la navigation « sur l’eau ». L’œil humain ne pouvait le distinguer que dans certains cas et, s’il y parvenait, cela était dû à l’inattention de son propre équipage ou à un concours de circonstances rare.

La nuit, on distinguait à peine le sous-marin et, le jour, il avait plus de chances de découvrir lui-même navires et avions qu’il ne pouvait être découvert, et cela grâce à ses proportions réduites. Il lui était donc permis de disparaître en dessous de la surface, puis d’attaquer ou de refaire surface au bout d’un certain temps afin de poursuivre son itinéraire. Avec son temps de plongée d’une durée de deux jours environ, il était capable de sillonner les espaces marins les plus sévèrement gardés ou d’y séjourner, car, quoi qu’il pût arriver, il lui restait toujours la nuit pour recharger sans danger ses accumulateurs et ventiler ses compartiments intérieurs. Pour ce faire, il lui fallait à peu près de deux à quatre heures.

Du fait de son invisibilité, il lui était possible d’anéantir les plus grosses unités de guerre. Sa valeur sur le plan du combat en surface était par contre médiocre ; cela à cause de sa grande fragilité. Une vedette rapide, armée de cannons et pourvue du tube lance-torpilles, lui eût été de beaucoup supérieure. Il ne faut pas oublier qu’un sous-marin est fait « pour plonger » et que, par conséquent, il possède très peu de « capacité d’embarquement ». Un navire de surface de 500 tonnes peut embarquer 500 tonnes d’eau avant de couler. Un sous-marin de la même grandeur ne peut en laisser pénétrer plus du cinquième. A cela s’ajoute, pour les navires de surface, l’avantage de pouvoir déceler aussitôt les parties avariées de la coque et la possibilité de réparer aussitôt l’avarie. En revanche, sur un sous-marin, il est difficile de situer ou d’atteindre la moindre voie d’eau. Ses nombreuses installations, machines, accumulateurs et autres appareils barrent le chemin aux investigations lorsque l’eau pénètre et s’amasse à l’intérieur du navire.

L’emplacement exact de l’avarie demeure inconnu. D’autre part, un navire de surface peut isoler complètement certaines parties du navire et il demeure capable de flotter. Dans un sous-marin, la chose est possible ; cependant, lorsqu’un des compartiments s’emplit complètement, il coule. La plupart des fonds sont trop profonds pour permettre de sortir du navire. En outre, la construction d’un sous-marin revient beaucoup plus cher que celle des bateaux de guerre de même taille.

Un appareil de défense comme le radar prive le sous-marin de son plus grand avantage : l’invisibilité. Au cours de ses attaques nocturnes, le facteur principal de ses victoires : la surprise, est supprimé et le sous-marin voit ses possibilités considérablement diminuées.

L’adversaire n’avait pas tardé à découvrir, au cours de la première phase de la guerre, que l’on approchait le plus facilement les sous-marins aux environs de leur base et non point dans les espaces de la haute mer où leur découverte était pure question de chance et où l’on ne pouvait appeler des renforts parvenant assez rapidement. A l’entrée de leur base navale, les sous-marins étaient tenus de faire surface à deux reprises : pour en sortir et pour y rentrer. Ces ports étaient connus ; les navires étaient obligés de se grouper devant leur entrée. Mais, au cours des premières années de guerre, l’ennemi ne réussit pas à nous décimer. D’ailleurs, l’espoir de détruire les chantiers de réparations et les bases des sous-marins fut anéanti par le fait que des abris sous-marins furent construits, qui défiaient les plus forts bombardements.

Le radar amena le renversement de la situation. Ce ne fut pas sans raison que l’on prodigua les honneurs, en Angleterre, aux savants qui avaient su mettre en pratique l’invention.

Du côté allemand, le principe du repérage par les ondes avait été également employé dès le début des hostilités. Nos navires de guerre étaient pourvus d’installations analogues, mais très lourdes et qui pesaient jusqu’à vingt tonnes. Dans la défense antiaérienne, l’appareil « Wurzburg » joua bientôt un rôle. Cependant, l’adversaire avait sur nous une avance considérable : il avait mis au point des appareils plus petits et plus efficaces, et qui – avantage capital – pouvaient être installés sur des avions.

Vers la fin de la guerre, le radar a la taille d’un poste radio moyen. Il est muni d’un émetteur et d’un récepteur. L’antenne émettrice est également réceptrice. Elle est placée au point le plus élevé du navire. En quelques fractions de seconde, elle passe de l’action émettrice à l’action réceptrice. Sa rotation est constante. Sur un écran lumineux analogue à ceux des appareils de télévision, les objets deviennent visibles sous forme de points lumineux. La direction vers laquelle ils se déplacent peut se déduire d’après leur marche. Une légère traînée les suit, laissant comme une sorte de trace vague sur leur passage. La distance est calculée d’après une certaine échelle de mensuration. De la sorte, le radar, par quelque temps qu’il fasse, décèle autour de lui tous les navires ainsi que leur direction, leur éloignement exact. Il est donc possible de viser les navires de guerre par les nuits les plus voilées de brouillard.

Comment se présentait alors la guerre sous-marine ? Les seuls voyages entre l’Angleterre et l’Islande pour les nouveaux types sortis des chantiers et les submersibles ayant leurs bases en Norvège et en France sont surveillés intensivement par des escadrilles d’avions et de bâtiments de chasse anti-sous-marins. Quant aux passages dans les canaux, ils ne comptent guère, étant donné la largeur médiocre et le peu de profondeur de ceux-ci. Il s’agit, pour l’adversaire, de découvrir les submersibles en surface, car ils ne peuvent, comme on le sait, les déceler au radar lorsqu’ils sont en plongée et, d’autre part, le rayon d’action des appareils de détection par le son est très réduit et soumis à maintes variations.

L’action détectrice de l’adversaire se concentre donc sur les trois heures de surface auxquelles les sous-marins sont soumis journellement afin de recharger leurs batteries. Rappelons-nous qu’un avion muni du radar peut découvrir un sous-marin en surface à une distance de 150 kilomètres, c'est-à-dire que l’avion surveille un espace mesurant 300 kilomètres de diamètre, tandis qu’un navire de guerre ne peut déceler des navires ennemis à une distance dépassant 35 kilomètres. Ainsi, pour l’avion, l’avantage qui permet de nous découvrir est-il acquis d’avance.

Si nous choisissons la nuit pour prendre le temps de recharger nos accumulateurs, il se passe ceci : un avion nous découvre. A cause de la déviation des ondes du radar, il lui est difficile de préciser notre direction. Il se place alors à l’avant ou à l’arrière de notre submersible, afin de pouvoir l’attaquer dans le sens de la longueur. Nous ne nous apercevons de rien, les avions étant à peine visibles dans l’obscurité et parce que le bruit de nos propres moteurs domine celui de l’avion ennemi. A 1000 mètres d’altitude, le pilote de l’avion allume un projecteur placé sous ses ailes ; ce projecteur éclaire vers l’avant sous un certain angle. L’avion attend quelques secondes, jusqu’à ce que son rayon lumineux touche notre poupe, et lâche ses bombes, généralement de quatre à six. Elles vont au but à la hauteur d’attaque des avions qui n’est que de 50 mètres environ. Le sous-marin n’a pas le temps de mettre en action sa défense antiaérienne ; d’ailleurs, les hommes aux pièces sont éblouis, surpris et son pris sous le feu de l’avion. Le sous-marin est perdu. En pareil cas, il est rare qu’un seul homme échappe à la mort.

Contrairement à la tactique en honneur jusqu’à présent, il semble préférable de faire surface pendant le jour. Lorsque le ciel est sans nuages, on ne peut être attaqué par surprise si les guetteurs sont vigilants. S’il y a une couche de nuages, on est logé à la même enseigne que la nuit, à la seule différence que la hauteur de vol des avions est soumise à celle des nuées et qu’ils courent le danger d’être abattus au moment où ils seront à découvert. En aucun cas, on ne peut éviter d’être vu, même si l’on a la possibilité particulièrement heureuse de pouvoir plonger. Le point de la plongée est aussitôt signalé aux défenses côtières, aux avions se trouvant dans les environs et aux navires. En quelques heures, toute l’étendue marine est cernée. Cependant, dans la plupart des cas, le sous-marin n’a pu terminer le chargement de ses batteries et se trouve peut être dans l’obligation où, devant naviguer un jour encore à une allure de trois nœuds, il doit changer de position d’heure en heure. Les possibilités exprimées en milles marins sont à peu près celles-ci : 24 fois 3 = 72 milles marins ou 130 kilomètres. Dans un cercle fermé ayant ce rayon d’action, il lui faut, telle une baleine, remonter bientôt à la surface. La plupart du temps, l’avion lance en plus sur le lieu de la plongée une bouée émettrice qui, à intervalles réguliers, envoie des signaux d’orientation aux forces navales qui se hâtent vers le point signalé. Si le sous-marin a fait surface à nouveau, il est encore plus rapidement découvert. Le temps pour charger les batteries se raccourcit. Il doit plonger. L’étreinte se resserre. Finalement, le submersible est obligé de rester en surface et devient, de ce fait, une proie facile. Nous perdîmes de cette manière de nombreux navires. Ceux qui sortaient atteignaient rarement l’Atlantique.

Comme « sauveur » du côté allemand, nous eûmes le Fu. M.B. On le désignait aussi souvent comme l’antiradar. Cet appareil protégeait contre la recherche des radars en ce sens qu’il décelait la « recherche » de ces appareils avant même que le radar ait pu désigner une victime. Ainsi, le sous-marin profite de la possibilité qui lui est donnée de plonger avant que sa présence ne soit signalée.

Comparons maintenant l’émetteur de radar à la voix humaine et son récepteur à l’oreille. Il est évident que la réception directe est meilleure que celle de l’écho. Autre exemple : si un homme crie face à un mur, avec sa bouche il est émetteur et avec ses oreilles, récepteur. On peut pratiquement le comparer à un radar complet. Il perçoit les ondes sonores réfléchies. Maintenant, supposons qu’une autre personne assise contre le mur (elle correspond au Fu. M.B.) est parfaitement silencieuse. Cette personne entendra le son avec plus de netteté que l’autre n’en percevra l’écho. Supposons que le mur s’éloigne de plus en plus de celui qui crie, viendra l’instant où aucun écho ne pourra plus être entendu ; au contraire, la personne qui joue le rôle d’un Fu M.B. percevra encore clairement le son de la voix de clui qui crie.

Ainsi, le sous-marin pourvu de ce nouvel appareil peut plonger avant d’être découvert. Il semble donc retrouver son utilité initiale puisqu’il échappe à temps à la vue des chasseurs, mais il y a ceci : le sous-marin est sous l’eau et, dans ce domaine, il ne dispose que d’une fraction de ses possibilités en comparaison de celles qu’il a en surface. Si le sous-marin doit fuir, puis se cacher, il ne répond plus à sa destination : c’est un chasseur chassé !

Le Fu M.B. est sans doute plus simple et moins cher que le radar puisqu’il n’est que récepteur, mais ce n’est, malgré ses avantages, qu’un protecteur de fortune. Pour le sous-marin, considéré en tant qu’arme offensive, la découverte d’un appareil purement défensif ne pouvait être une solution. Les difficultés qu’avait à surmonter le haut commandement de la guerre sous-marine restaient les mêmes.

Les radars et antiradars continuèrent à se perfectionner. Les alliés construisirent un appareil récepteur pour les émissions particulières du Fu M.B., des signaux qui nous promettaient une mort certaine. En un mois de l’année 1945, il se peut que quatre-vingts sous-marins aient été victimes de cette erreur.

Notre haut commandement devint perplexe. L’amiral Dönitz supprima les nouvelles sorties de submersibles ; à ceux qui se trouvaient en mer, il interdit de se servir désormais du Fu MB. Mais l’adversaire était sur nos traces. Il avait pris conscience de sa force et travaillé au radar avec un élan renouvelé. Le passage à travers le golfe de Gascogne devint l’équivalent d’un commando suicide.
Martin
fais gaffe : si tu continues, MS va etre obligé de payer des droits d'auteurs biggrin.gif
Tortue
Ouais je sais biggrin.gif

Enfin ca représente que 1/5ème du livre c'est euh le droit de citation non ? laugh.gif
otto bus
d'un autre côté dis toi que tu en fais une bonne publicité(gratuite )

et tiens ça me donne envie de l'acheter,où le trouve t'on? biggrin.gif
Tortue
Je l'ai vu sur PriceMinister
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