Dans les eaux internationales les navires de guerre adoptent les situations pour assurer leur défense, ou le contrôle d’une zone de trafique commerciale. Ils assurent leur propre sécurité, en définissant un périmètre, excluant toute intrusion par d’autre navires, ou aéronefs définis comme menaces.
Le DDG-56 basé au Japon, devait rejoindre la base navale de Changi à Singapour, donc des accords passés avec la Malaisie l’autorisaient à pénétrer dans les eaux nationales de celle-ci. Naturellement, le navire de guerre se plie aux règles internationales de prévention pour prévenir les abordages en mer, le « R.I.P.A.M. ». Il est aussi tenu de respecter les règles s’appliquant dans les zones restreintes tel qu’un chenal, ou approches portuaires définies par les autorités locales. Comme exemple, en France dans la zone côtière, la préfecture maritime désigne les bâtiments de la Marine Nationale, comme ayant privilège absolu sur tous les autres navires, y compris à voile. Naturellement le bon sens prévoit les cas d’incapacité de manœuvre. L’autorité militaire définit des zones de navigations restreintes ou interdites de façon temporaire ou permanente.
Résumé du R.I.P.A.M.(Règlement International pour la prévention des abordages en mer)
La nature de certains navires leur confère un privilège. Il est ainsi possible d'établir une hiérarchie des privilèges.
Le navire non maître de sa manœuvre est le plus privilégié : tous les navires doivent s'écarter de sa route.
Le navire à capacité de manœuvre restreinte: tous les navires, à l'exception du navire non maître de sa manœuvre, doivent s'écarter de sa route.
Un navire en action de pêche et faisant route doit, dans la mesure du possible, s'écarter de la route :
d'un navire non maître de ses manœuvres
d'un navire à capacité de manœuvre restreinte
Il doit éviter de gêner un navire handicapé par son tirant d'eau
Un navire à voile faisant route n'est prioritaire que face à un navire à propulsion mécanique. Il doit éviter de gêner un navire handicapé par son tirant d'eau ou en action de pêche.
Un voilier marchant au moteur, perd son privilège et sera considéré comme navire à propulsion mécanique.
Les navires à propulsion mécanique faisant route ne sont que très rarement prioritaires. Ainsi, ils doivent s'écarter de la route :
d'un navire non maître de ses manœuvres
d'un navire à capacité de manœuvre restreinte
d'un navire en action de pêche
d'un navire à voile
Ils doivent éviter de gêner un navire handicapé par son tirant d'eau
Afin de signaler aux autres navires de sa situation de manœuvre, donc de ces privilèges, ils doivent adopter la signalisation adéquate, de jour par des marques dans la mature, de nuit par des feux de signalisations.
Règles pour prévenir l’abordage entre deux navires à propulsion mécaniqueRoutes convergentesLorsque deux navires ont des routes convergentes, celui qui voit l'autre par tribord doit manœuvrer pour éviter l'abordage. Il s'agit donc d'une priorité à droite.
Le navire prioritaire doit garder son cap et sa vitesse, le navire étant sur Bd doit manœuvrer en cap et/ou vitesse franchement. En cas d’absence de réaction de la part de celui-ci, le prioritaire doit prendre les mesures pour éviter l’abordage.
Lorsque deux navires ont des routes directement opposées, chacun d'eux doit venir à tribord.
Entre deux voiliersLes deux voiliers reçoivent le vent d'un même bord
Le voilier qui se trouve sous le vent de l'autre est privilégié. Celui qui se trouve au vent de l'autre doit manœuvrer.
Les deux voiliers reçoivent le vent d'un bord différent
Le voilier qui reçoit le vent de bâbord doit s'écarter de la route de l'autre.
Cas du voilier avec navire à moteurle voilier perd son privilège s'il se trouve face à un navire qui n'est pas maître de sa manœuvre, un navire à capacité restreinte, un navire handicapé par son tirant d'eau, ou un navire en train de pêcher.
dans un chenal étroit, le voilier ne doit pas gêner le passage d'un navire à propulsion mécanique qui ne peut naviguer qu'à l'intérieur de ce chenal. Le voilier perd son privilège lorsqu'il rattrape un autre navire.
Entre un navire rattrapant et un navire rattrapéUn navire est considéré comme rattrapant, s'il se rapproche de l'arrière d'un autre navire dans un secteur de 135°.Le navire rattrapant n'est jamais privilégié, Le navire rattrapant doit manœuvrer pour ne pas gêner le navire rattrapé. Celui-ci doit conserver son cap et sa vitesse.
Dans un chenal étroitDans un chenal, chacun doit prendre sa droite.
Par ailleurs, les règles de privilèges indiquées ci-dessus connaissent quelques exceptions dans les chenaux étroits. Ainsi, un gros navire qui ne peut naviguer qu'au milieu du chenal en raison de son grand tirant d'eau, est prioritaire sur le petit navire qu'il rattrape. Ce dernier doit sortir du chenal pour le laisser passer.
On ne doit pas traverser un chenal si cela doit occasionner une gêne pour les gros navires qui ne peuvent naviguer qu'à l'intérieur du chenal.
La collision entre DDG-56 J.S.McCain et le tanker Alnic MCEn fonction des informations et des cartes de trajectoires, on peut (avec réserve) établir qu’il s’agit d’un abordage entre deux navires, de même catégorie ayant les mêmes privilèges.
Le DDG-56 est un croiseur destroyer lourd classe Arleigh Burke.
Déplacement 9 000 t, L= 154, l= 20m TE = 9,5m, vitesse max.: 30 Nd
Propulsion : 4 turbines à Gaz LM2500, 25 MW chacune.
C’est la version navalisée (Gazole) du G.E. CF6 équipant les Airbus 310-330, des Boeing 747-767 et Lockheed C5 Galaxy.
Deux lignes d’arbre, chacune mue par un groupe de deux Tà G couplées par moteurs électrique et réducteur (inverseur ? …)
Alnic MC Tanker (Pavillon Liberia)
Déplacement 30 000 t (Lège), 50 000 t L= 180, l= 20m TE = 9 à 13 m. Groupe propulsif Diésel, une ligne d’arbre.
Lieu de la collision : 10 MN des terres dans le chenal d’accès menant à l’entrée du détroit de Malacca vers Singapour.
Message précédent Le DDG-56 JS McCain fait route S.O. se dirigeant vers la base navale de Changi. Il est bien à droite du chenal, il est limité sur son Td par les hauts fonds.
Suivant la trajectoire du Tanker Alnic MC (voir message précédent) il suit la même direction S.O. Mais juste avant la collision on peut observer un brusque changement de cap sur Td. Les informations ne permettent pas de définir qui était rattrapant ou rattrapé.
Je sais que sur un navire de guerre aux approches des terres, et à fortiori dans un chenal à l’approche d’un détroit réputé pour être un foutoire, l’équipage est au « poste de veille » avec veille renforcée à la passerelle.
Des vigies se postent à l’intérieur comme à l’extérieure et scrutent sur 360°. Les radars de navigations sont utilisés avec plusieurs échelles des gains différents, et écrêtage pour réduire les échos parasites
Sur les navires marchands, l’équipage est réduit au strict minimum.
Cliquez pour voir le fichier-jointCliquez pour voir le fichier-jointLe DDG-56 a dû être surpris par la manœuvre du Tanker. Celui-ci, faisant route brusquement au 300°, croise les routes du chenal (Direction des hauts fonds et la côte sans zone portuaire). On peut penser que le Croiseur Destroyer, surpris par cette manœuvre soudaine, devait considérer le pétrolier non maître ou en incapacité. Il a chercher à manœuvrer pour éviter l’abordage, il dut stopper ou battre en arrière pour casser son erre, en laissant le champ libre à l’Alnic MC. Qu’elle était la volonté d’action des hommes de quart du pétrolier, je l'ignore.
Mais une chose est sûre,
- L’Alnic MC avant changement de cap (vers le N.O.) voyait le Croiseur sur son Td.
- Le tanker coupe la route du chenal
- Le navire Américain a cherché à manœuvrer
- au moment de la collision le DDG-56 J.S.McCain était vitesse quasi nulle.
- Le Tanker percute le DDG-56 sur le Travers Bd, suivant une trajectoire perpendiculaire à celui-ci.
Cliquez pour voir le fichier-jointSi le Croiseur avait de la vitesse au moment de l’impact, il aurait une déchirure jusqu’à la poupe.
Des traces d’éraflures, d’arrachage et grattage de peinture. Là , la forme du bulbe d’étrave est nette, de même la trace de l’étrave sur le liston du franc bord.
Cliquez pour voir le fichier-jointSuivant les premières constatations (avec réserve), on peut définir la responsabilité du Pétrolier dans l’abordage.
Quoi qu’il en soit, le Pacha du DDG-56 J.S.McCain, le Csd, l’officier chef du quart, et la chaîne fonctionnelle, prendront pour leur grade.
Bilan dix disparus, cinq blessés … et la vulnérabilité des bâtiments américains dans des eaux neutres.
Coup dur pour l’image de la Navy.